impressum dénonce fermement la plainte de Pascal Broulis contre un journaliste du Tages Anzeiger

impressum - Les journalistes suisses réagit au dépôt de plainte au civil du conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis contre un journaliste du Tages Anzeiger. Nous sommes «choqués» et «dénonçons une atteinte à la liberté de la presse de la part d’une personnalité politique».

Le conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis dépose une plainte civile contre le correspondant romand du Tages Anzeiger qui appartient à Tamedia. Il lui réclame 75 000 francs pour atteinte à l’honneur. Cette attaque est une première en Suisse, selon impressum. L’organisation qui défend les journalistes estime que ce procédé est une manière déguisée de vouloir censurer le journaliste et plus largement faire peur aux médias. «C’est une atteinte claire à la liberté de la presse», déclare la secrétaire centrale d’impressum Dominique Diserens.

La méthode est disproportionnée. Pascal Broulis avait beaucoup d’autres moyens à disposition, avant de faire appel à la justice civile. Les règles et usages de la presse sont régis notamment par la Déclaration des droits et devoirs des journalistes. Il aurait mieux valu y faire appel dans un premier temps. Ce que n’a pas voulu l’élu radical-libéral. Déposer tout de suite une plainte civile s’apparente à une mesure d’intimidation peu compatible avec la liberté de la presse.

L’avocat Me Alexandre Curchod, qui se trouve par ailleurs mandaté ponctuellement par impressum, défend Pascal Broulis dans cette affaire et a déjà expliqué les motivations de cette plainte. Son client ne serait pas contre les journalistes par principe. Mais le journaliste accusé serait allé trop loin. Le ministre des finances dénonce «l’accumulation d’articles à charge», «des mises en cause systématiques et illégitimes». «Une vingtaine d’articles seraient concernés», a ajouté l’avocat sans préciser lesquels.

Ce dépôt de plainte réveille «l’affaire Broulis». Pour mémoire, en février 2018, le correspondant alémanique publie un article sur ce qu’il nomme le «le secret fiscal du chef du Département des finances». Les médias s’interrogent alors sur une éventuelle optimisation fiscale, malgré les réfutations du conseiller d’Etat. Ce dernier est finalement blanchi par le Conseil d’Etat en mai 2018.

L’affaire ne s’arrête pas là. Peu après, le Tages-Anzeiger évoque les voyages en Russie du ministre des finances Pascal Broulis avec le milliardaire Frédéric Paulsen: le patron de Ferring est au bénéfice d’un forfait fiscal dans le canton de Vaud. Le Grand conseil s’empare de l’affaire. Le conflit d’intérêt est évoqué. Le Ministère ouvre des investigations préliminaires et conclut, en octobre 2018, qu’il n’y a aucune infraction pénale et que Pascal Broulis n’a bénéficié d’aucun avantage incompatible avec sa charge.

Cette «affaire Broulis» et le dépôt de plainte qui a suivi soulignent une nouvelle fois la détérioration des conditions de travail des journalistes. Ce collaborateur du Tages Anzeiger a fait un travail légitime qui a suscité un débat d’intérêt public. Et pourtant il est attaqué en justice. impressum défend la liberté de la presse, garante de la bonne marche de la démocratie dans le canton de Vaud et en Suisse. 

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