La menace pesant sur la diversité de la presse atteint un nouveau pic avec la joint-venture. impressum demande aux directions des entreprises de stopper les licenciements. La Confédération et les cantons doivent prendre des mesures immédiates. La COMCO doit assumer sa responsabilité afin de prévenir les « conséquences nuisibles d'ordre social » des positions dominantes sur le marché. Et la Confédération et les cantons doivent s’investir pour renforcer activement et directement la diversité de la presse par le biais de mandats de prestations en faveur de projets journalistiques.
Après l'annonce de la fusion des journaux régionaux d'AZ Medien et du Groupe NZZ, Urs Thalmann, directeur général d'impressum, constate: «Cette mauvaise nouvelle montre de toute évidence que le modèle économique des éditeurs ne fonctionne plus suffisamment pour garantir la diversité d’une presse nécessaire à la démocratie. Jusqu'à nouvel ordre, le marché ne peut plus garantir la diversité de l'information dans les médias journalistiques de haute qualité. La COMCO doit intervenir. Des mesures de soutien rapide de la Confédération et des cantons sont prioritaires.»
La loi sur les médias arrive trop tard
Il faudra plusieurs années avant qu'une nouvelle loi fédérale sur les médias puisse entrer en vigueur. Le problème est que les infrastructures rédactionnelles ne peuvent plus pâtir de mesures d’économie, alors qu’un nombre croissant de journalistes professionnels se voient contraints de changer de carrière. La question de savoir s'il existe ou non une compétence fédérale pour les médias d'État et le financement de la presse ne doit pas servir de prétexte à l'inaction. D’autant qu’en Suisse, le partage des compétences entre la Confédération et les cantons ne connait pas de lacunes. Si la Confédération n'agit pas, la responsabilité incombe aux cantons.
Abandon des réductions de personnel et engagement en faveur de la promotion médiatique
Les éditeurs ne réagissent qu'au déclin des publicités et des abonnés. impressum leur demande d’envisager désormais de manière constructive l’aide directe à la presse, qu'ils ont à ce jour catégoriquement rejetée. Dans l’intervalle, les maisons d'édition doivent cesser le démantèlement et rendre crédible l’affirmation que la diversité de la presse est l'une de leurs priorités.
Appel d'offres de la Confédération et des cantons pour les marchés de prestations de services
impressum suggère que les mandats de prestations cantonaux et/ou fédéraux soient soumis à appel d'offres. Les fournisseurs d'information journalistique, actuels et nouveaux, devraient pouvoir postuler. Le financement devrait être financé par le budget général, car la redevance des ménages (Billag) a un objectif différent et sa redistribution ne résoudrait pas le problème. Au contraire elle ne ferait que le reporter.
La COMCO a la responsabilité d’activer le frein d'urgence
Dans un premier temps, la COMCO devrait se concentrer sur les responsabilités qui lui incombent en vertu de l'art. 1 de la loi sur les cartels pour « empêcher les conséquences nuisibles d'ordre économique ou social ». Elle se doit d’interdire cette fusion ainsi que celle des titres Tamedia. Le contrôle du marché de l'édition peut aussi être « socialement nuisible », surtout s'il restreint la diversité des opinions et de l'information, en diminuant lentement la liberté d'information de chacun. Non seulement le marché économique, mais aussi la diversité des publications doivent être assurés par la COMCO.
La COMCO a donc la responsabilité d'évaluer de manière critique les fusions de titres chez Tamedia ainsi que la nouvelle joint-venture entre AZ Medien et le groupe NZZ. Elle doit le faire du point de vue de la diversité de la presse qui est un enjeu démocratique et dans le but d'empêcher un démantèlement fatal.