En contrepartie à la liberté de la presse, les journalistes s’engagent à rechercher la vérité, en étant indépendants et équitables. Ces devoirs éthiques font partie de leur charte déontologique, la «Déclaration des devoirs et des droits des journalistes» (Lien). Le Conseil suisse de la presse se prononce sur son respect. Cette déclaration contient aussi des devoirs aux entreprises de médias. Celles-ci doivent mettre à disposition les conditions matérielles et formelles pour rendre possible une couverture médiatique éthique.
Mais la réalité va hélas dans la direction opposée : les mesures d’économie et les différentes restructurations amènent à l’affaiblissement de l’indépendance journalistique, comme l’a démontré une étude de l’Université de Fribourg fin 2014. Ce n’est pas par hasard que la Suisse est tombée honteusement au 20e rang du « Classement mondial de la liberté de la presse ».
Les entreprises de médias ont reconnu cette « déclaration » par la voix du président de l’association des éditeurs alémaniques «Schweizer Medien» Hanspeter Lebrument et elles sont ainsi obligées de la respecter. La déclaration relève que les journalistes ont droit à des conditions de travail équitables figurant dans une convention collective de travail (CCT). La ministre des médias Doris Leuthard a récemment rappelé que la qualité de la presse dépend d’une CCT (Lien). Et Hanspeter Lebrument a lui-même signé de sa main: « Les éditeurs et la SRG SSR idée suisse respectent la liberté d’association et le droit à la négociation collective ». impressum demande que les éditeurs respectent leurs engagements et les invite une fois de plus à négocier une nouvelle CCT aussi pour la Suisse alémanique et le Tessin.
L’amoindrissement des ressources journalistiques génèrent non seulement une péjoration de la qualité, mais aussi un appauvrissement de la diversité, qui est pourtant ô combien nécessaire pour la Suisse pluraliste et démocratique. Le coupable? Les changements structurels dans les médias ne sont pas les seuls responsables. Le choix des investissements des entreprises de médias le sont aussi : des grandes entreprises de médias ont commencé à investir leurs gains, réalisés sur le dos du journalisme, dans des activités commerciales sans aucun rapport avec le celui-ci. Par exemple, l’acquisition de plates-formes publicitaires en ligne qui n’offrent aucune information journalistique (Cf autoscout24.ch, ricardo.ch, swissfriends.ch et bien d’autres fièrement mis en avant par www.tamedia.ch et www.ringier.ch). L’assemblée des délégués d’impressum demande donc que les revenus obtenus par des produits journalistiques soient impérativement réinvestis dans le journalisme lui-même, et non pas utilisés pour acheter des plates-formes qui, financièrement, ne nourriront plus le journalisme. Ce serait un juste retour d’ascenseur ! (Voir la résolution ici.)