La commission de la concurrence (COMCO) devrait approuver la fusion entre l’ATS et Keystone au printemps 2018. C’est le début d’un processus qui sera déterminant pour la qualité de l’information en Suisse. Les signaux en provenance du conseil d’administration désigné et de la direction sont préoccupants et devraient inquiéter la classe politique et la population.
Le rendement doit primer sur les prestations
La nouvelle entreprise Keystone_SDA poursuit des objectifs de rendement et distribuera à moyen terme un dividende aux actionnaires. C’est un changement de paradigme. Jusqu’à présent, l’ATS était un prestataire de services pour ses propriétaires, les éditeurs suisses. Elle ne devait pas dégager de profit, mais fournir des informations de haute qualité à prix coûtant pour toutes les régions du pays. Ce principe est dès lors compromis.
Pression sur les prix de la part des clients
De plus, les gros clients de l’ATS sont simultanément ses actionnaires les plus importants, ce qui la place depuis toujours dans une situation difficile. Ces clients, qui profitent déjà de la fusion en tant qu’actionnaires, exercent en outre une pression sur les prix au niveau des prestations de l’agence de dépêches. En raison de la prolongation des négociations, le conseil d’administration de l’ATS ne pourra adopter le budget 2018 que ce mercredi. La rédaction craint une nouvelle réduction de recettes.
Séparation claire entre journalisme et relations publiques
L’association professionnelle impressum et le syndicat des médias syndicom et redoutent que la nouvelle entreprise ne fasse plus la distinction entre les relations publiques et le journalisme en raison des attentes de rendement et de la pression sur les prix. Aujourd’hui, aussi bien l’ATS (actualités) que Keystone (médias PR) produisent déjà des contenus commerciaux. La rédaction de l’ATS craint de ne pas pouvoir conserver son indépendance journalistique après la fusion et exige une séparation claire entre journalisme et relations publiques dans la future entreprise, aussi au niveau du personnel. Les futures attentes de rendement et le dumping des prix risquent sinon d’entraîner une suppression de postes. Certains départements de l’ATS pourraient aussi être menacés, tout comme la formation des jeunes journalistes.
Résolution adoptée à une large majorité
Aux diverses assemblées du personnel, les journalistes de l’ATS ont adopté une résolution avec une seule opposition. Ils y formulent des revendications claires à l’intention de la direction et du conseil d’administration:
- une séparation claire entre RP et journalisme
- pas d’offres gratuites sous forme de vidéos, ni de rabais cachés
- une structure des coûts transparente
- une représentation de la rédaction à la direction
- des places de formation pour les stagiaires à l’avenir aussi.
Le personnel attend de la direction une discussion transparente, qui doit intervenir immédiatement et encore avant l’adoption de la nouvelle stratégie. impressum et syndicom soutiennent ces revendications du personnel.
* L’agence télégraphique suisse (ATS)
L’agence télégraphique suisse (ATS) contribue à la cohésion de la Suisse et à l'échange de d’informations entre les régions linguistiques depuis plus de 125 ans. En tant que seule agence de presse du pays et joue un rôle important dans le contexte actuel marqué par les Fake News, l’augmentation de la spéculation et l'infodivertissement car elle cherche toujours des faits confirmés. Même si des erreurs lui arrivent, la crédibilité de l'agence est élevée tant pour les clients - les médias suisses - que pour la politique et la société.
En 2016, ATS a rédigé 63 000 rapports en allemand, 56 000 en français et 60 000 en italien. En outre, 26'000 rapports ont été envoyés en allemand et 24'000 en français via le service de base Sport. Le nombre d'employés à la fin de 2016 était de 180 postes à temps plein. (11.12.2017)