L'initiative d'autodétermination bâillonne les journalistes

Si l'initiative dite d'autodétermination était adoptée, la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) pourrait ne plus constituer une protection en Suisse. La CEDH ne pourrait alors plus être saisie en cas de violation de la liberté des médias en Suisse. D'un point de vue journalistique, l'initiative dite d'autodétermination est donc une "initiative contre la liberté des médias". Afin de continuer à garantir la protection de la liberté des médias et de la liberté de l'information en Suisse, impressum, la plus grande association professionnelle de journalistes en Suisse, plaide pour un NON clair le 25 novembre 2018.

La CEDH renforce le journalisme indépendant
Bien que la liberté des médias et la liberté d'information soient également inscrites dans la Constitution fédérale, le droit de recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit être maintenu afin de garantir le plein exercice de ces droits indépendamment de l'équilibre politique du pouvoir en Suisse. Les trois exemples suivants illustrent l'importance de la fonction de la CEDH pour la démocratie suisse.

Le rôle des médias en tant que gardiens du public
En 2003, l'émission "Kassensturz" a montré des conversations secrètement enregistrées avec un représentant en assurance. La personne filmée n'a pas pu être identifiée et ses déclarations étaient anonymes. La Cour fédérale a condamné les journalistes à des amendes conditionnelles pour enregistrement non autorisé et interception de conversations étrangères. La CEDH, en revanche, a estimé que le Tribunal fédéral avait violé la liberté des médias. Il a souligné le rôle important des médias en tant que " chien de garde public " et a affirmé que les griefs révélés par le " retard de trésorerie " dans ce segment d'activité étaient fondamentaux pour le public.

Pas de restriction d'accès pour les journalistes sans base légale
En 2001, le journaliste Mario Gsell a voulu rendre compte d'un événement critique du WEF à Davos. La police l'a arrêté alors qu'il montrait sa carte de presse et lui a refusé l'accès à Davos. La police n'avait aucune base légale pour permettre une telle intervention. Elle a invoqué la clause générale de police, qui sert à écarter de graves dangers. Contrairement à la Cour suprême fédérale, la Cour européenne des droits de l'homme a jugé qu'une telle limitation de l'accès n'est pas admissible sans base juridique. A l'avenir, les journalistes seront admis au WEF.

Il devrait également être possible de diffuser des documentaires critiques
En 1997, la Radio Télévision Suisse a diffusé un documentaire sur les relations de la Suisse avec l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Le film critique le rôle de la Suisse et remet en question l'image d'une Suisse sans faille. Sur la base d'une plainte déposée par des milieux populistes de droite, l'Autorité indépendante de recours pour la radio et la télévision (UBI) a condamné le documentaire comme étant unilatérale et a désormais interdit sa diffusion. Cette décision a ensuite été confirmée par la Cour suprême fédérale. La CEDH, pour sa part, a estimé que le rapport était fondé sur des recherches sérieuses. En outre, une telle sanction pourrait empêcher les journalistes d'apporter une contribution critique aux questions d'intérêt public. De telles mesures empêchent les médias de remplir leur fonction d'information. Grâce à ces jugements, le film peut maintenant être diffusé sans restriction.

Ces exemples montrent que la CEDH a largement contribué à garantir la liberté de la presse et des médias en Suisse. Afin que la CEDH puisse continuer à protéger la liberté des médias en Suisse, impressum recommande donc un NON clair à cette "initiative contre la liberté des médias" le 25 novembre 2018.

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