Nous, les journalistes, sommes dans une situation étrange. Soudain, nous devons couvrir un objet de votation qui nous concerne. Peut-être avons-nous du mal à le faire parce que nous sommes en colère contre les grandes maisons d'édition qui ne cessent de réduire les moyens rédactionnels. Peut-être avons-nous du mal à rendre compte du paquet médiatique parce que nous craignons pour notre indépendance.
La vérité, c'est aussi que nous devons à nos lecteurs une couverture médiatique de qualité, même sur ce projet. Il est de notre devoir de fournir aux électeurs les informations et les analyses qui leur permettront de prendre une décision de vote raisonnable. Le contenu du paquet de mesures en faveur des médias est désormais bien connu.
Si la loi échoue dans les urnes, cela signifie que nous devons continuer comme auparavant. Et c'est pourtant la situation actuelle qui nous a conduits dans le bourbier dans lequel nous sommes : concentration des médias et rétrécissement des rédactions. Oui, ce n'est pas une crise du journalisme, mais une crise des éditeurs. Mais si le journalisme n'est plus un marché viable, alors nous, les professionnels des médias, en souffrirons aussi - et donc la démocratie aussi.
Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer ainsi. Grâce à la nouvelle loi, on investit dans la formation des jeunes journalistes et dans le Conseil de la presse, et d'autres organisations de la branche obtiendront également un soutien. Notre profession s'en trouvera renforcée ! De même, et c'est particulièrement important pour moi en tant que représentant d'un média en ligne local, les petits seront proportionnellement plus soutenus que les grands. Cela signifie tout simplement que la diversité des médias sera conservée dans les régions. Et là où il y a une diversité médiatique, il y a aussi des journalistes.
Le paquet média renforce les petits médias et les médias régionaux et donne un coup de pouce à notre démocratie fédéraliste. Il y a de bonnes raisons d’y être favorable, même en tant que professionnel des médias. Nous devons à l’électorat de rendre les arguments accessibles de manière sobre, objective et réfléchie, et de prouver ainsi que des médias forts et indépendants sont nécessaires pour une décision démocratique.
